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Comment transformer votre stress en force et en challenge ?

Le stress au travail est un problème complexe qui peut avoir des répercussions significatives sur la santé et le bien-être des employés, ainsi que sur la productivité des entreprises.

Il peut être causé par divers facteurs tels que la charge de travail excessive, les conflits interpersonnels, le manque de contrôle sur les tâches, les attentes irréalistes et l’insécurité d’emploi.

Le plus récent rapport de l’Observatoire européen des risques de l’Agence européenne de santé et de sécurité au travail confirme que les importants changements survenus dans le monde du travail ces dernières décennies ont entraîné l’émergence de risques nouveaux dans le domaine de la sécurité et de la santé au travail : les risques psychosociaux. À côté des risques physiques, biologiques et chimiques, ils apparaissent comme majeurs.

Ces risques psychosociaux font référence à de nombreuses situations mêlant dans une grande confusion causes et conséquences : stress, harcèlement moral, violence, souffrance, suicide, dépression, troubles musculosquelettiques, etc. Cette pluralité justifierait peut-être qu’on utilise le singulier, le risque psychosocial, comme on parle du risque cardiovasculaire en se référant au modèle médical. Parmi l’ensemble des risques psychosociaux au travail, le stress apparaît quantitativement (sinon qualitativement) le plus important touchant en Europe environ 22 % des salariés (contre 5 % de victimes de harcèlement et 5 % de violence physique). Selon l’Agence européenne de sécurité et de santé au travail, le stress est le problème de santé le plus répandu dans le monde du travail et le nombre de personnes souffrant d’un état de stress causé ou aggravé par le travail va probablement augmenter.

Cette place particulière du stress a été reconnue également par les partenaires sociaux européens qui ont décidé de distinguer le stress d’autres risques psychosociaux dans les accords cadres qu’ils ont élaborés. Le premier accord cadre signé le 8 octobre 2004 par l’ensemble de ces partenaires a été exclusivement consacré au stress au travail. Selon les estimations du Bureau international du travail, le stress entraîne une augmentation de l’absentéisme dû à la maladie, un renouvellement prématuré du personnel, des départs à la retraite pour raisons de santé, des baisses de production et de qualité ainsi que des litiges entre les salariés et leurs employeurs.

Ainsi, les travaux réalisés dans les états membres de l’Union européenne et dans d’autres pays révèlent qu’entre 50 et 60 % de l’ensemble des journées de travail perdues sont liées plus ou moins directement au stress. Le coût du stress pour les entreprises équivaut à 10 % du PIB en Grande-Bretagne, pourcentage qui, dans les pays nordiques, varierait entre 2,5 % au Danemark et 10 % en Norvège. Aux États-Unis, le coût du stress avoisinerait 200 milliards de dollars par an pour les entreprises nordaméricaines. Dans l’Union européenne, ce coût serait de 20 milliards d’euros et, en France, l’Institut national de recherche et de sécurité estime que le coût pour les entreprises et la société se situerait entre 830 et 1656 millions d’euros par an, ce qui équivaut à 10 à 20 % des dépenses de la branche accidents du travail/maladies professionnelles de la Sécurité sociale.

Le stress au travail a donc un impact considérable, tant en terme de détresse humaine que d’entrave à la performance économique. Outre ses graves conséquences sur la santé mentale et physique des travailleurs, l’effet négatif du stress est évident dans les « symptômes organisationnels » tels que l’absentéisme et la rotation du personnel, les faibles performances en matière de sécurité, le manque d’enthousiasme des salariés, la perte d’innovation et la faible productivité. Le phénomène de stress touche tous les acteurs de l’entreprise, du salarié au dirigeant en passant par l’encadrement.

Deux études conduites en France le confirment. Selon l’étude réalisée par l’Institut français d’action sur le stress en novembre 2004 le « sur-stress » concerne 23 % des salariés hommes et 32 % des salariés femmes. Les niveaux de stress sont nettement plus élevés dans la tranche d’âge 45-54 ans et chez les non-cadres. Dans l’étude réalisée par le cabinet Stimulus en février 2004 il apparaît que plus d’un quart des managers français (28 %) sont à des niveaux de stress trop élevés (« hyperstress ») mettant en danger leur santé. Les différences entre le niveau de stress de ceux qui travaillent moins de 35 heures et ceux qui travaillent plus de 70 heures ne sont pas très importantes (les variations sont moins de 2 % par rapport à la moyenne). En revanche, les différences sont notoires en ce qui concerne le sexe : 36 % des femmes sont à des niveaux très élevés de stress, contre 21 % des hommes. Les enquêtes périodiques sur les conditions de travail, menées par la Direction de l’animation de la recherche des études et des statistiques (DARES) du ministère du Travail et réalisées auprès d’un échantillon représentatif de la population active française, permettent de repérer des caractéristiques de travail contraignant et leur évolution au cours des récentes années.

On peut ainsi relever que les contraintes liées au travail se sont progressivement aggravées au cours du temps. La dernière enquête indique ainsi que plus d’un travailleur sur deux travaille dans l’urgence et que de plus en plus de salariés perçoivent leur rythme de travail comme contraignant. Une personne sur trois dit se trouver dans l’impossibilité de faire varier les délais fixés pour la réalisation de sa tâche. Trente-cinq pour cent de la population active française déclare recevoir des ordres ou des indications contradictoires, ce qui est reconnu comme un facteur stressant. Une personne sur trois déclare devoir appliquer strictement les consignes de travail, même si l’évolution semble se faire vers une plus grande marge de manœuvre pour les salariés.

Le sentiment de responsabilité tend aussi à augmenter mais de plus en plus de salariés estiment qu’une erreur dans leur travail peut ou pourrait avoir des conséquences importantes pour eux, pour les autres, et/ou pour l’entreprise. Enfin, pour un travailleur sur trois, les relations dans le travail sont une source fréquente de tensions.
Les situations P. Légeron 810 L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 84, N° 9 – NOVEMBRE 2008 © John Libbey Eurotext | Téléchargé le 22/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 89.226.152.144) © John Libbey Eurotext | Téléchargé le 22/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 89.226.152.144) de tension avec les supérieurs hiérarchiques sont plus fréquentes que les situations de tension avec les collègues et 30 % des travailleurs se plaignent de tension avec le public (usagers, patients, voyageurs, clients, etc.).

SOURCE /
https://www.cairn.info/revue-l-information-psychiatrique-2008-9-page-809.htm

Catégories : gestion de stress